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Le mobilier pour enfant, du berceau au bureau d’écolier, réimaginé par les plus grands designers

Elle n’existait pas il y a un peu plus d’un siècle. La chambre d’enfant, en tant qu’espace de vie réservé aux plus petits au sein de la maison, a été inventée en Europe au XIXe siècle. La voilà qui parade au Centre Pompidou, sous le titre « L’Enfance du design. Un siècle de mobilier pour enfant », à voir jusqu’au 12 août à Paris.
Pour cette passionnante exposition mise en scène à la manière d’un jeu de construction, le musée dévoile, sur 800 mètres carrés, 135 œuvres – objets, dessins, gravures, livres-jeux – essentiellement tirées de sa collection, dont une soixantaine de pièces nouvellement acquises grâce au fonds Bonpoint, l’enseigne de mode enfantine. Elles sont signées des plus grands designers du XXe siècle qui se sont essayés, avec brio, à l’exercice, d’Alvar et Aino Aalto à Charles et Ray Eames, de Verner Panton à Philippe Starck ou Matali Crasset.
« Le mobilier pour enfant est un outil à la fois pédagogique et ludique ; il se doit aussi d’être confortable et multifonctionnel pour accompagner le junior qui grandit, ce qui en fait un champ d’expérimentation fertile pour les designers », résume Marie-Ange Brayer, cocommissaire et conservatrice en chef du service design et prospective industrielle du Centre Pompidou.
L’exposition balaie, ce faisant, quelques préjugés : le mobilier pour enfant n’est pas anecdotique. Il raconte la place nouvellement acquise des jeunes au sein de la famille et de la société. Il ne se limite pas non plus à la miniaturisation de celui des adultes : il se dote très vite d’une spécificité propre, reflets des préoccupations sociales, politiques et esthétiques de l’époque. « Jean-Jacques Rousseau avec son traité Emile ou De l’éducation dès la fin du XVIIIe siècle, puis l’école obligatoire pour tous et, enfin, les théories de la pédagogie d’avant-garde, avec notamment la méthode Montessori, en 1907, vont révolutionner ce champ de la création. L’idée s’impose d’un objet d’usage, avec lequel apprendre et s’amuser : d’où une vraie innovation dans ce mobilier », souligne Céline Saraiva, cocommissaire de l’événement.
Dès l’entrée de la Galerie 3 se donne à voir une pièce rarissime : un berceau-balancelle suspendu au plafond par une corde à nœuds de Lina Zervudaki (1890-1950), évocation, vers 1938, d’un bébé sportif avec, en guise de barreaux, des cerceaux multicolores. Cette créatrice qui travaillait le rotin – autrice de chaises longues façon poisson stylisé pour la couturière Elsa Schiaparelli – s’est emparée d’un matériau de son temps, l’acier tubulaire laqué polychrome.
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